L’actrice bien connue des québécois, Marie-Ève Larivière, vient tout juste de dénoncer les nombreux cas d’harcèlements et d’agressions sexuelle qu’elle a vécu tout au long de sa carrière. Elle espère que son histoire aidera d’autres femmes de partout dans le monde à dénoncer cette situation.
On vous laisse lire son horrible histoire:
«Hésiter longtemps, peur du jugement, peur de perdre, de blesser… Tout a débuté bien avant que je ne sois comédienne, mais commençons à ma sortie du Conservatoire. Jeune et passionnée, je rencontre des agents afin de trouver des contrats et d’avoir de bons conseils. Il y en a un qui aime beaucoup ce que je fais, il croit en moi, à une condition et je le cite : « tu n’es pas assez séductrice, mets plus de maquillage, fais la femme, tu sais si tu veux que ça marche, il faut que tu sois sexy, féminine…charmeuse » Moi au naturel, ce n’étais pas possible. Ça annonçait de bien drôle de couleurs pour la fille qui venait de jouer du Beckett et qui rêvait de cinéma»
«Voici quelques-uns de ces événements destructeurs.
Je joue au théâtre avec un comédien, il a une quinzaine d’années de plus que moi. Nous avons une belle relation jusqu’à ce qu’il me propose de façon ininterrompu de faire des répétitions privées avec lui. Il prétend qu’il veut que je fasse ma scène nue devant lui, que c’est super bon pour approfondir un personnage. Ça m’aiderait beaucoup selon ses bons conseils. Il prenait le projet très à cœur semble-t-il. Il me met toutefois en garde de me taire. Les gens ne comprendraient pas. Je me suis dit, surtout sa femme et ses deux enfants.
J’en suis à mes premiers tournages, je tourne un projet très couteux pour lequel on me demande une légère nudité alors qu’il n’y en a pas dans la scène et qu’elle est totalement injustifiée. Dans le contexte, je suis certaine à 100/100 que ça ne sera jamais diffusé. Je feins d’aller aux toilettes, suis mal à l’aise. J’appelle l’UDA, boîte vocale. L’autre comédien tente d’appeler son agent car je n’en ai plus. Aucune réponse. Je reviens « allez la grande tout le plateau t’attend, go!» Je me fais dire fortement devant tout le monde : « C’est quoi le problème? » J’ai peur. Je m’exécute avec une grosse envie de brailler ma vie. J’ai l’horrible pensée qui me console à peine et qui m’est pourtant venue : tout d’un coup que ça m’ouvre des portes.