Florence K

Dans un long témoignage publié ce matin par La Presse+, on y apprend avec tristesse que la chanteuse Florence K a également été victime d’agression sexuelle. L’horrible histoire s’est déroulée alors qu’elle était âgée de 16 ans par un homme qui avait plus que le double de son âge.

Le mouvement #moiaussi a fait remonter de durs souvenirs en elle. La jeune femme a tout de même réussi à trouver le courage de briser le silence pour la toute première fois et affirme que c’est grâce à cette solidarité soudaine qu’elle a trouvé la force de le faire.

Voici un extrait de son témoignage intitulé « Un pas de plus » :

 » Puis, à la lecture des nombreux témoignages #MoiAussi qui fusent sur internet, sous le coup de l’émotion forte que ceux-ci me procurent, les souvenirs se mettent à refaire surface, peu à peu. Et à me propulser vers le passé, vers un événement en particulier que je croyais depuis longtemps réglé, ou sinon, du moins, bien enfoui. Un événement dont j’avais toujours eu un peu honte, dans une période de ma vie qui, pour moi, relevait plus de ma témérité adolescente et de mon refus à cette époque de l’autorité. Un événement que je me croyais responsable d’avoir provoqué et qui, alors, était désormais de mon unique ressort de digérer et de régler. Mais un événement qui pourtant a longtemps teinté par après mes relations personnelles, qui a certainement eu un rôle à jouer dans le sentiment général de culpabilité que j’ai longtemps traîné, comme si tout était toujours de ma faute, comme si de toute façon, c’était à moi de prouver que je valais quelque chose.

Et à la lecture de tous les témoignages #MoiAussi, ça m’a frappé. J’avais écrit un livre entier sur ma dépression et sur les causes probables, physiologiques et psychologiques, de cette maladie chez moi, mais jamais je n’avais effleuré dans ses pages le fait qu’un homme de 23 ans mon aîné (vous ne le connaissez pas, il n’est pas du showbiz d’ici, et ce n’est pas un membre de ma famille non plus) avait gravement abusé de moi, lorsque j’avais 16 ans.

Comme si j’avais eu peur de toute façon que l’on m’accuse de mentir, de dramatiser, de blâmer les autres pour cet épisode de ma vie, de chercher de l’attention à tout prix, de vouloir détruire la vie d’un homme. Et pourtant…

Mardi dernier, grâce au courage des femmes et des hommes qui ont dénoncé, quelque chose en moi a été bouleversé, pour le mieux je crois, et j’ai compris à quel point ce qui m’était arrivé avec cet homme que je n’ose même plus qualifier de porc par respect pour l’espèce animale qui porte ce nom, avait eu de lourdes conséquences sur ma vie de femme. Et, poussée par le mouvement sincère, nécessaire et puissant du partage qui se déroulait sous mes yeux sur mon fil Facebook, #MoiAussi j’ai écrit un « post » #MeToo.

Ce n’est que la semaine dernière que quelque chose en moi a finalement débloqué. Que les points se sont connectés, que mon opinion de moi-même par rapport à cette histoire avait changé.

(…)

J’ai dénoncé sur Facebook, mais mon souhait serait d’aller encore plus loin. D’un jour le regarder dans les yeux pour qu’il sache que j’étais peut-être jeune et naïve à l’époque, mais que je ne le suis plus.

C’est un processus que je réserverai pour l’instant à ma vie privée, pour des raisons personnelles et légales. Mais je souhaite du fond de mon cœur que tous ceux qui, comme lui, à travers le monde, ont abusé des autres, fassent un jour face à la justice. Et que la justice donne une plus grande chance aux victimes. »

Ouf… Quel courage de sa part de briser le silence après toutes ces années. Le mouvement #moiaussi aura permis à plusieurs personnes de se libéré un peu plus de ces événements profondément troublants.

Voyez ici Pénélope McQuade qui porte plainte à la police contre Gilbert Rozon pour agression sexuelle.

Photo: Florence K
Source : La Presse