anick lemay chirurgie

La comédienne Anick Lemay lutte contre un cancer du sein depuis le mois de mars dernier…

Très forte dans sa bataille, Anick a pris l’habitude de partager ce combat de tous les jours sur le site Urbania.

On peut y lire plusieurs textes touchants concernant ses hauts, ses bas et tout ce qu’elle vit depuis qu’elle a appris la terrible nouvelle.

Ce qui est le plus touchant d’Anick Lemay est sa force et sa positivité qui est contagieuse. On peut le lire dans le texte et entendre sa belle voix qui nous raconte le tout.

L’actrice a publié un nouveau texte qui parle de tout ce qu’elle a reçu comme traitement depuis le mois depuis le printemps.

Elle a aussi partagé une très belle photo de sa bataille que l’on peut voir en haut de l’article.

Voici le texte en question que Anick Lemay a publié sur Urbania :

« J’ouvre les yeux avant mon cadran. Mes draps neufs sont un peu rugueux sur ma peau trop toastée. Tu sais, comme après une journée passée à la mer, à faire du body surf jusqu’à en oublier que tu dois te crémer aux deux heures parce que l’eau saline mange la crème comme je mange du homard (avec gourmandise et délectation)? Ben c’est ça. Tu te ramasses avec un coup de soleil digne d’une exposition permanente au musée des grands brûlés.

La peau, quand elle brûle, elle pique. Signe qu’elle travaille en dessous pour se refaire. Comme un bobo sur le genou, tu te rappelles? Quand la gale pique, faut pas gratter. On se l’est assez fait dire par nos mères… Mais on gratte pareil (souvent en cachette) pis la gale tombe pis elle se refait pis ça repique pis tu regrattes pis ça retombe… Comme pour les peines d’amour, c’est long avant de comprendre et s’empêcher de gratter. Preuve : la plupart des êtres humains ont des cicatrices de bobos trop souvent grattés. On est tous pareils et si différents en même temps.

En ce matin gris et frisquet de novembre, j’ouvre les yeux avant mon cadran. Avec le changement d’heure, même s’il est 6 h, il fait presque clair à travers ma toile. Ça me fait sourire. Je préfère la luminosité matinale à une fin de journée qui s’étire en dégradé de gris sombre.

Je souris aussi, mais surtout, parce qu’aujourd’hui, c’est mon dernier traitement. Ma dernière séance de bronzage. En ce beau jeudi, que tu dois haïr parce que tu en peux déjà pu de novembre, j’ai le plus beau smile que t’as jamais vu! J’ouvre grand les rideaux de ma chambre, je gambade jusqu’à ma salle de bain des années 80, je me lave le visage et… je m’arrête. Je glow. Je te jure que je glow. Je me regarde dans les yeux face à mon reflet dans le miroir et je-me-vois. J’ai des cheveux très courts et très foncés. J’ai des cils et des sourcils plus noirs qu’avant. J’ai deux cicatrices sur deux prothèses à la place de mes deux seins. Le côté gauche de mon chest est brûlé et… je glow. Je suis quelqu’un d’autre et la même à la fois.

Sans prendre le temps de m’habiller, je sors une feuille de papier et j’écris rapidement, le cœur battant. Ça fait longtemps que je veux la faire cette liste. Comme si j’attendais d’être vraiment passée au travers pour le nommer, l’inscrire, l’assumer. Le jour est enfin arrivé. Attache ta tuque mon ami, c’est vertigineux. Enfin, pour moi ça l’est.

Printemps :

3 cancers (2 dans le sein gauche, un dans le droit)

Mastectomie bilatérale avec évidemment axillaire

22 ganglions enlevés (13 atteints)

Cancer des seins grade 2, stade 3 (fiou!)

Deux tantes décédées en deux semaines.

 

Convalescence d’un mois (beaucoup trop de soupe)

7 remplissages d’expenseurs

15 séances de torture pour mon bras gauche

Beaucoup trop d’anti-douleurs et de somnifères

Été :

8 chimiothérapies aux deux semaines (4 rouges, 4 blancs)

76 injections pour les globules blancs

17 prises de sang

2 reports de traitement

22 pots de pilules toutes allégeances confondues

2 pots d’huile de coco

La mort de Grand-Mère

Automne :

25 traitements de radiothérapie

4 gros pots de crème sans parfum

3 tubes de crème antibactérienne

Acétaminophènes et Ibuprofènes

Depuis ce fameux 5 mars, ma vie tourne autour de la mort et de ma guérison. Depuis trois saisons, je me traite et on me maltraite de toutes les façons possibles pour venir à bout de ce crabe et le tenir loin de moi dans les années à venir.

Novembre nous fiche tous un peu la trouille. Surtout en vieillissant. On a peur de la dépression saisonnière, du manque de lumière, du froid qui s’installe. Souvent, en novembre, on a un petit vertige inconscient. Le besoin d’espace et la lumière se raréfient.

Mais pour moi, l’hiver qui approche, je l’attends depuis le printemps. Fait que je peux-tu te dire que le mois de novembre me fait le même effet qu’une brise chaude et sèche, le baiser mouillé de mon enfant et le spectacle des Perséides à Mégantic en même temps? Tout est une question de perspective. »

Encore une fois, nos pensées sont avec Anick lors de cette bataille de tous les jours. Reste forte!

Photo : Anick Lemay
Source : Urbania

Voici toutes les plus belles photos d’Anick Lemay dans son combat contre le cancer