La série STAT, diffusée sur ICI Télé, a été très populaire auprès des téléspectateurs québécois cet automne. L’émission est de retour cet hiver pour de nombreuses nouvelles intrigues, au grand bonheur de ses fans!

Par contre, depuis le début de la série, il est arrivé fréquemment qu’elle s’est fait critiquer, notamment pour des questions de manque de réalisme ou bien en raison d’un personnage en particulier qui ne faisait pas l’unanimité auprès des téléspectateurs.

Les plus récents épisodes de la série n’ont pas fait exception, puisque cette fois, c’est une psychologue qui est sortie publiquement afin de critiquer une scène de STAT.

Cette scène en question est celle de la mort de Camille, une jeune femme atteinte d’anorexie sévère qui est décédée. À la suite de sa mort, l’un des personnages mentionne à son collègue que Camille avait déjà tout essayé et qu’elle ne s’est jamais sentie mieux. Son collègue a répondu que Camille était désormais libérée.

La psychologue Myriam Bertrand est récemment sortie publiquement afin de dénoncer cette scène.

Voici ce qu’elle a mentionné :

« Hier soir, j’écoutais STAT. J’aime bien cette émission. Ça me divertit et je sais que le contenu de l’émission est revu par des médecins, afin de s’assurer de la crédibilité des propos et cas présentés. Hier, pourtant, j’ai vraiment grincé des dents en écoutant l’émission. L’histoire montre des médecins qui traitent un cas d’anorexie sévère. Tout ce qui est présenté est parfait. Par contre, suite au décès par arrêt cardiaque dû à la dénutrition de la jeune patiente, les deux médecins sont ébranlés, on peut le comprendre. Le médecin dit à son collègue : « elle avait déjà tout essayé et elle s’est jamais sentie mieux…» et l’autre médecin de lui répondre : « Elle est libérée là ».
Non. Je ne viens pas d’entendre ça. Je ne viens pas d’entendre ça d’un médecin qui parle de quelqu’un qui souffre d’un trouble de santé mentale. Non. Impossible.
Premièrement, « elle avait tout essayé » Permets-moi d’en douter. En santé mentale, on peut essayer différentes choses, qui auront différents impacts, à différents moments, avec différentes personnes alors…on n’a jamais TOUT essayé et si vraiment c’était le cas, il y aurait encore le moment où on les a essayés qui compte aussi. Ce qui n’a pas fonctionné il y a un an pourrait fonctionner, aujourd’hui, parce que tu n’es plus la même personne qu’il y a un an.
« Elle est libérée ». Eh là là…je bouille juste de l’écrire. C’est quoi ce message? Si on a un trouble de santé mentale et que jusqu’ici rien n’a fonctionné…alors ce sera une libération de mourir? Vraiment?! Et cette émission est revue par des médecins pour être crédible? Comment ont-ils pu laisser passer un tel message? Comment ont-ils pu permettre cette phrase si lourde de conséquences, quand on sait que les personnes souffrant d’anorexie, elles meurent soit des suites de leur trouble, par arrêt cardiaque, soit par suicide.
Quand quelqu’un est condamné, qu’il a une maladie physique incurable, tu peux dire  » si elle n’était pas morte aujourd’hui, il ne lui restait que de la souffrance à vivre ». Mais tu ne peux pas dire ça d’un trouble de santé mentale, aussi sévère soit-il, parce qu’ils ne sont pas irréversibles, justement. Si elle n’était pas morte aujourd’hui…elle aurait pu avoir une belle vie, un jour. Si son coeur avait tenu bon…tout était encore possible.
Ceux qui me connaissent savent que ma sœur était anorexique sévère aussi pendant de nombreuses années (j’ai évidemment son accord ici). Deux jours après son début d’hospitalisation, à Douglas, un code bleu a retenti, pour elle. Arrêt cardio-respiratoire. L’anorexie a failli gagner ce jour-là. Mais son coeur a décidé de repartir… Puis, elle a fini par s’en sortir, faire un doctorat, avoir un amoureux, des enfants… une belle vie. Si elle était morte ce jour-là, ça n’aurait pas été une libération. Ça aurait été un drame et rien d’autre. Faut arrêter de voir du positif où il n’y en a pas.
Elle n’est pas libérée, ni soulagée. Un soulagement, une libération, c’est la souffrance qui s’arrête et qui laisse place au bien-être, à l’absence consciente d’une souffrance. J’insiste ici sur les mots «absence consciente d’une souffrance ». La mort ce n’est pas ça. La mort…c’est la fin de la vie. Il n’y a pas de soulagement, de libération, il n’y a plus rien. Point. Il faut arrêter avec ce discours romantique sur la mort. Comme psychologue, il me dérange énormément ce discours où la mort soulage et libère, pour se faire du bien à nous, ceux qui restent. Parce que ceux qui souffrent d’un trouble de santé mentale, ils l’entendent ce discours. Il est faux, il est inexact. La mort, c’est la fin des possibles éclats de rires. La fin des rêves. La fin des projets. La fin de l’amour, de l’amitié. La fin des moments de souffrance, peut-être, mais la fin des moments de paix et de joie aussi. La fin des possibilités de jours plus heureux. La mort, c’est une bonne chose seulement lorsqu’il n’y a qu’elle comme issue…et ce ne sera JAMAIS le cas pour un trouble de santé mentale. Jamais.
Voilà, fallait que ça sorte »

Et voici la publication en question de la psychologue :

La psychologue a d’ailleurs discuté de cette critique avec Patrick Lagacé sur les ondes de 98.5 Montréal.

Voici ce qu’elle a notamment mentionné lors de cette entrevue :

« J’ai été fâchée, j’ai été inquiète par les propos qui étaient tenus par les médecins, et surtout après. Dans le sens où la scène avec la jeune fille qui décède, tout le cas était bien traité. C’est plus les propos qui sont tenus par les médecins ensuite, de dire  »Elle a tout essayé » et  »Elle ne s’est jamais sentie mieux.  » Le fait de dire qu’elle a tout essayé, c’est dangereux de nommer ça parce qu’en santé mentale, on n’a jamais tout essayé. Dans le sens où un trouble de santé mentale, c’est multifactoriel, et la psychologie, ce n’est pas une science pure parce qu’on ne peut pas établir de lien de causalité, parce que justement il y a plusieurs variables qui entrent en ligne de compte dans le fait de développer un trouble alimentaire dans ce cas-ci, mais ça pourrait être n’importe quel trouble de santé mentale. C’est aussi multifactoriel le fait de s’en sortir ou de s’en rétablir. Donc si on dit qu’il a tout essayé, ça veut dire qu’il n’y a donc plus d’autre solution possible alors que c’est faux […]. Il y a eu une glorification de la mort, où la mort soulage, libère. Dans une société où le taux de suicide est extrêmement élevé, c’est dangereux d’avoir ce type de propos. » 

Décidément, les propos de cette psychologue à propos de la scène de STAT ont beaucoup fait réagir le Québec. Et vous, qu’en pensez-vous?

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Photos : Page de STAT

Source : 98.5 Montréal