La nouvelle du décès de Béatrice Picard a secoué plusieurs Québécois et Québécoises. Âgée de 96 ans, elle est décédée mardi matin pendant son sommeil. Elle a marqué plusieurs générations grâce à ses nombreux rôles à la télévision. Quelques heures après l’annonce, sa famille a tenu à envoyer un message sur les réseaux sociaux.
C’est via la page Facebook du Théâtre Duceppe que ses enfants se sont exprimés. Ils décrivent Béatrice Picard comme étant une femme d’une grande générosité, qui a su concilier la vie de famille à sa carrière dans les arts.
Ils mentionnent également à quel point la comédienne est restée active et curieuse tout au long de sa vie.
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Voici le long message en question :
« La famille de Béatrice Picard nous a contacté·es pour que nous transmettions ce message au grand public.
«𝐂’𝐞𝐬𝐭 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐭𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐧𝐧𝐨𝐧𝐜̧𝐨𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐝𝐞́𝐜𝐞̀𝐬 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐞̀𝐫𝐞, 𝐁𝐞́𝐚𝐭𝐫𝐢𝐜𝐞, 𝐬𝐮𝐫𝐯𝐞𝐧𝐮 𝐜𝐞 𝐦𝐚𝐭𝐢𝐧, 𝐥𝐞 𝟗 𝐝𝐞́𝐜𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞, 𝐚̀ 𝐥’𝐚̂𝐠𝐞 𝐝𝐞 𝟗𝟔 𝐚𝐧𝐬. 𝐃𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞 𝐬𝐚 𝐯𝐢𝐞, 𝐁𝐞́𝐚𝐭𝐫𝐢𝐜𝐞 𝐚 𝐬𝐮 𝐜𝐨𝐧𝐣𝐮𝐠𝐮𝐞𝐫 𝐬𝐚 𝐯𝐢𝐞 𝐟𝐚𝐦𝐢𝐥𝐢𝐚𝐥𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐬𝐚 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐫𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐜𝐞̀𝐧𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐚𝐮𝐬𝐞𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐥𝐮𝐢 𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐜𝐡𝐞̀𝐫𝐞𝐬. 𝐈𝐥 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐚𝐢𝐭 𝐝𝐨𝐧𝐜 𝐧𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞𝐥 𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐚𝐠𝐞𝐫 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐬𝐞𝐬 𝐚𝐦𝐢·𝐞𝐬, 𝐬𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐥𝐥𝐞̀𝐠𝐮𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐦𝐢𝐥𝐢𝐞𝐮 𝐚𝐫𝐭𝐢𝐬𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐭, 𝐬𝐮𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭, 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐬𝐨𝐧 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐜, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐢 𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐚 𝐞𝐮 𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐧𝐬𝐞́𝐞 𝐣𝐮𝐬𝐪𝐮’𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞 𝐟𝐢𝐧.»
– 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜̧𝐨𝐢𝐬, 𝐒𝐭𝐞́𝐩𝐡𝐚𝐧𝐞, 𝐒𝐲𝐥𝐯𝐚𝐢𝐧 𝐞𝐭 𝐅𝐫𝐞́𝐝𝐞́𝐫𝐢𝐜
Toute l’équipe de Duceppe se joint à la famille de Béatrice pour rendre hommage à cette grande dame qui a touché le cœur de tant de nos spectateur·ices.
Tout au long d’une carrière immense, d’un parcours artistique aussi varié que prolifique qui s’est étalé sur 75 années, Béatrice Picard a marqué notre histoire culturelle. Bouillonnante d’enthousiasme, vive, vraie, féministe des premières heures et mue par une passion sans répit, elle a su captiver les Québécois·es par son talent et sa personnalité.
Née Marie Thérèse Béatrice Picard le 3 juillet 1929 à Montréal, diplômée de l’École nationale de théâtre, elle fut des toutes premières compagnies théâtrales au Québec, jouant dans plus de 200 productions. Parmi celles-ci, on en décompte 41 chez Duceppe: d’Aurore Vezeau dans Bousille et les justes en 1976 à l’inoubliable Maude d’Harold et Maude en 2017. Une dernière performance chez nous qui lui vaudra le prix Duceppe de l’interprétation féminine, récompense qui porte désormais son nom. «On ne peut que […] s’agenouiller devant l’énergie, la justesse et la grâce de Béatrice Picard en Alice. La comédienne y brille ici de tous ses feux», écrivait Mario Cloutier dans La Presse, au lendemain de Peter et Alice, sur nos planches en 2014.
Le public de Duceppe a eu le privilège et l’émotion de la voir à l’œuvre à de nombreuses reprises, notamment dans Délicate balance d’Edward Albee, Fleurs d’acier de Robert Harling, C’était avant la guerre à l’anse à Gilles de Marie Laberge, Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay, Bonne fête Maman, une pièce qu’Elizabeth Bourget a écrite expressément pour elle, ainsi que plusieurs classiques où elle donnera la réplique à Jean Duceppe. Pensons, entre autres, à La mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller ou encore à La chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams.
Figure marquante des débuts de la télévision, Béatrice a joué dans plus d’une soixantaine de téléromans, dont Cré Basile, Symphorien ou Les Brillant, faisant ses premières armes avec éclat dans la trilogie de Germaine Guèvremont — Le survenant, Au chenal du moine et Marie-Didace — qui a largement influencé la programmation des années 1950. Souvent saluée pour sa polyvalence et sa capacité à interpréter des rôles complexes, comiques comme dramatiques, elle a aussi prêté sa voix au doublage de personnages dans de nombreux films et séries. On se souviendra longtemps de son incomparable Marge Simpson, la mère de famille la plus célèbre du petit écran qu’elle a incarnée pas moins de 33 saisons dans la version franco-québécoise des Simpson.
Béatrice Picard a campé plusieurs rôles marquants au cinéma, notamment dans Le Nèg’ de Robert Morin, Ma tante Aline de Gabriel Pelletier et Marguerite, court métrage de Marianne Farley nommé à la 91e cérémonie des Oscars en 2019 dans la catégorie Live Action Short Film. Sur le site web d’actualité cinématographique américain IndieWire, on lira que Béatrice « donne, avec son visage vieilli et ses yeux tristes, une classe de maître dans l’art de dire beaucoup sans paroles ». Ce rôle-titre lui valait d’ailleurs le prix de la meilleure actrice internationale lors de festivals à Tokyo et Vancouver.
Outre son talent et sa passion, sa détermination et son indépendance d’esprit ont fait de Béatrice Picard l’une des plus vigoureuses bâtisseuses de notre culture. Membre de l’Ordre du Canada et récipiendaire du prestigieux titre d’Officière de l’Ordre national du Québec, elle est demeurée active et impliquée au-delà de ses 90 ans bien sonnés, siégeant sur divers conseils d’administration, dont celui de Duceppe. Multipliant les pieds de nez au temps qui filait, inspirée et inépuisable, Béatrice, mère de famille dévouée, en révélera davantage sur sa vie professionnelle et personnelle à l’auteur de sa biographie Béatrice Picard — Avec l’âge, on peut tout dire, publiée en 2018.
«Trop souvent, on se prive de petits bonheurs parce qu’on craint l’avenir ou les conséquences et on se retrouve avec le regret de rêves brisés. Ce temps-là était fini pour moi. Ma philosophie, elle m’a été inspirée par la chanson de Félix Leclerc: chaque jour, je me ramasse un petit bonheur», y lit-on. Un bonheur qu’elle a offert en retour, à d’innombrables reprises, à tous ceux et toutes celles qui l’ont applaudie et chérie.
*Les détails concernant les funérailles seront communiqués ultérieurement. La famille invite le public et les médias à respecter une période de deuil et d’intimité en attendant les informations officielles. »
Mentionnons que Béatrice Picard a brillé à de nombreuses reprises au Théâtre Duceppe.
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Elle y a notamment joué son dernier rôle sur scène, dans la pièce de théâtre intitulée Harold et Maude.
Toutes nos condoléances à ceux et celles qui sont affectés par le départ de la comédienne. On envoie beaucoup de courage à ses proches dans cette période plus difficile.
Photos: page de Béatrice Picard