Anick Lemay cancer

Très triste nouvelle aujourd’hui… La comédienne Anick Lemay est atteinte du cancer du sein.

L’actrice de 47 ans a été présente à la télévision et au cinéma à de nombreuses reprises dans les 20 dernières années. Tout le monde se souvient d’elle dans 4 et demi, Mauvais Karma ou encore l’Échappée.

C’est Anick Lemay elle-même qui a annoncé la triste nouvelle avec une lettre ouverte très touchante sur le site Urbania.

Voici la lettre en question. C’est beau et très triste à lire en même temps.

Lettre Anick Lemay Cancer

« Je me réveille en sursaut, comme dans les films. Je ne sais pas ce qui m’arrive, mais mon cœur sort littéralement de ma poitrine; je le vois! Juste à droite de mon sein gauche. Bam! Bam! BAM! Il cogne tellement fort que j’ai peur qu’il réveille ma fille, étendue à côté de moi, si belle dans son sommeil. Oui, oui, je sais… Elle est grande. C’est juste que c’est la semaine de relâche. On est toutes seules au chalet, ça fait qu’on se gâte pis on se colle.C’était il y a cinq semaines. Deux jours plus tard, le 5 mars, j’apprenais que j’avais le cancer du sein. Comme quoi, des fois, l’inconscient travaille le corps…

Tu sais, la fameuse pub sur le cancer? Celle où tout le monde tombe sur le dos en apprenant le diagnostic? C’est exactement comme ça que ça se passe. Le choc est brutal. Surtout pour ceux qui t’aiment et qui tiennent à toi, parce que toi… Toi, t’es foudroyée. Le temps s’arrête comme dans les films d’action remplis de plans au ralenti pour mettre en valeur les prouesses physiques, les gouttes de sueur qui revolent ou le sang qui gicle. Sauf qu’ici, y’a pas d’acteur, pas d’équipe technique. Y’a juste toi, la lumière froide des néons qui te donne déjà l’air malade et les battements de ton cœur qui s’accélèrent. Tellement que t’entends juste ça.

Tellement que t’entends juste ça.

Mais ne t’inquiète pas. Moi aussi j’vais tomber au moment voulu. Quand ma tête va finalement comprendre ce qui se passe. Mais je ne tomberai pas sur le dos comme ceux que j’aime. Je vais tomber par en bas. Jusqu’à toucher le fond. Le mien. Parce qu’il est différent pour chacun. Et le mien, vois-tu, il est profond. Mon gouffre est abyssal. J’suis capable d’en prendre.

À travers ma descente, comme un zombie dans le film de Robin, j’ai commencé les examens en prévision de l’opération.

Ça sent fort, un hôpital. Ça sent mélangé. Ça va du produit désinfectant au parfum trop sucré de la vieille dame sur la civière. De l’haleine omniprésente de la femme aux dents malades assise à trois bancs de moi à l’odeur de tabac froid de l’homme sans âge qui doit, juste à l’odeur, fumer au moins trois paquets par jour.

On dit que j’ai le nez fin. J’imagine que c’est vrai. Mais si je ressors de mon gouffre, c’est entre autres grâce à (ou à cause de) toutes ces odeurs. Ça me fouette les sens. La réalité m’apparait. Brumeuse au début, puis de plus en plus claire : je suis assise dans un couloir d’hôpital, en attente qu’un liquide nucléaire colore mes os et… j’ai le cancer.

Je n’ai plus de repères. Je flotte dans le vide. Je n’ai plus le moindre contrôle sur ma vie. Je ne peux plus travailler, je ne peux plus faire mon théâtre d’été, plus de télé non plus pour un bout… Shit. Ça va se savoir. C’est sûr.

Je n’ai jamais été friande du front page de nos revues à potins. Il faut se dévoiler un peu trop à mon goût. Oh, je comprends. Faut ce qu’il faut dans mon métier : en donner suffisamment pour que le public ait l’impression de te connaître toujours un peu plus, un peu mieux. Ça lui fait plaisir et ça fait aussi plaisir à tes employeurs. Alors tu fais des entrevues, tu poses pour des photos, tu souris et tu réponds. Juste assez.

Ma vie privée, je l’ai toujours gardée pour moi et les journalistes ont été très respectueux. Le public aussi. Mais tout à coup, mon quatrième mur tombe. Je ne pourrai pas me protéger ni cacher la maladie. Je vais bientôt la voir tatouée sur mon crâne nu.

Je n’ai plus aucun contrôle. Je vis un reset foudroyant. Hallucinant. Te dire mes rêves! Tim Burton serait jaloux… Le seul pouvoir que j’ai, c’est de sortir la « nouvelle » à ma façon. Et comme j’ai une sainte horreur des mises en scène des réseaux sociaux (de la glorification des êtres au dernier pâté chinois à l’effiloché de bœuf de ta cousine servi dans une assiette artisanale de la Côte Nord), j’ai approché URBANIA. On m’a proposé une chronique.

C’est pour ça que tu me lis, aujourd’hui. Je m’appelle Anick Lemay, j’ai 47 ans et j’ai le cancer du sein.

J’ai envie de prendre cette tribune pour prendre ta main et te faire découvrir, en même temps que moi, ce nouvel univers. En temps réel. C’est ça, 2018, non? L’instantané?

Mais si tu embarques, faut que tu sois averti : y’aura pas de filtre. Pas de Photoshop, pas de mise en scène. Juste des portes qui s’ouvrent sur un monde où on pense que ça va sentir la mort mais où, mon nouvel ami, c’est lumineux et ça grouille de vie. Je te le jure. Je n’ai jamais été aussi vivante qu’aujourd’hui. Sauf peut-être à la naissance de ma fille…

Fait qu’on se retrouve après l’opération? Mais laisse-moi un peu de temps, parait que c’est un peu difficile.

T’as l’air smatte. Je t’aime déjà. »

Très belle lettre… Difficile de retenir ses larmes avec l’avoir lue au complet. Reste forte Anick, nos pensées sont avec toi!

Dan Bigras se confie suite à l’annonce de son cancer.

Photo : Anick Lemay
Source : Urbania