Anick Lemay cancer

On suit Anick Lemay et sa bataille contre le cancer du sein depuis plusieurs mois déjà. Sa force de caractère et sa façon de voir les choses sont vraiment un modèle à prendre pour plusieurs face à cette maladie maudite.

Elle est de retour avec un nouveau texte très touchant sur le site Urbania. Cette fois, à la place de parler de ses développements, Anick nous apprend qu’elle est présentement en deuil. Elle a perdu sa grand-maman.

Elle a partagé un texte très touchant pour l’occasion. Son récit est tellement beau, c’est beau de voir une famille qui était aussi proche.

À partager avec quelqu’un qui a perdu une personne proche récemment. Bon voyage Rollande!

Voici le texte complet d’Anick Lemay :

Ce passé, il a pris cent-un ans et demi à se bâtir. Ce passé aux odeurs de bonheur et de cœurs de poulet en sauce porte un nom : Rollande. Pis Rollande, ça s’adonne à être ma grand-mère. Je suis la fille la plus chanceuse du monde.

Ma grand-mère a vraiment pris goût à sa vie en déménageant à la campagne, à 25 ans. Avec Léo, mon grand-père, elle eu sept enfants, une terre en bois debout, des poules, des chevaux, un poney, des cochons pis des vaches. Peut-être même des chèvres mais là, j’suis pas sûre. Grand-mère avait un immense jardin, un champ de patates et un autre de maïs. Elle n’arrêtait jamais. Comme elle ne buvait pas d’eau. […]

Les jambes bien droites, le corps penché par en avant, pliée en deux comme si rien n’était, elle cueillait ses patates sans jamais avoir fait de yoga. Elle pouvait revenir du bois par la clairière à moitié nue parce qu’elle avait trouvé trop de « talles » de bleuets ou de fraises des champs et que, pour s’en rappeler, elle suspendait aux arbres ce qu’elle avait sur le dos… Mon Grand-Père était fou d’elle, tu comprends ben. […] Elle avait le cœur immense et peur de rien.

[…] Même dans les derniers milles de sa vie, elle prenait les sacs de pain vides à la cafétéria de la résidence pour les remplir de pop-corn… et nous les donnait quand on allait la visiter. Parce que c’était aussi ça Rollande; le don de soi et de ce qu’elle possède. Personne, jamais, ne repartait de chez ma grand-mère les mains vides. Et on repartait toujours le cœur plein.

[…] La dernière fois que j’ai vu sa Rollande, ma grand-mère, c’est la veille de sa mort. J’ai fait un détour par Sherbrooke, sachant que c’était bientôt l’heure où il [Léo] viendrait la chercher. Enfin! Elle avait 101 ans et demi. Elle se demandait qu’est-ce qu’il attendait donc, pour lui ouvrir la porte… Il cherchait surement la clé. Il cherchait souvent ses clés.

Ma sœur, mon père, ma tante Loulou et moi, on a vécu une heure de pure douceur avec elle. On s’est beaucoup embrassé et beaucoup dit je t’aime. On a beaucoup caressé ses mains, ses cheveux et son beau visage. Elle nous a fait rire, nous a poussé une p’tite toune en dansant avec ses mains, nous a parlé du Bon Dieu en le pointant très fort au plafond avec son index, de Mère-Nature et de Léo, bien évidemment. Elle nous a raconté sa brouette et ses phlox, qu’elle a semé à tout vent. On a tous des phlox à grand-mère sur notre terrain. Et elle a répété au moins trois fois que ses fleurs étaient un cadeau de Mère-Nature et qu’elles étaient vivaces et odorantes…

Même au seuil de la mort, Grand-Mère, tu es restée semblable à tes phlox : vivace avec cette odeur bien à toi de savon de pays. Le mien. Grâce à toi. Bon voyage, Grand-Mère. Je t’aime. […] ».

Quel beau texte encore une fois… Ça fait chaud au coeur. Tout le monde qui a vécu un deuil récemment peut comprendre tout cet amour. À partager!

Anick Lemay surprend tout le monde en se présentant aux Gémeaux malgré son état de santé.

Photo : Anick Lemay

Source : Urbania